L’abouriou, un cépage confidentiel

Cépage confidentiel et autochtone du Lot et Garonne, l’abouriou offrait de nombreux vins rouges au début de XXème siècle avant de tomber dans l’oubli.

Dès le XIXème siècle, on trouve des traces de ce cépage dans les vignes du Sud-Ouest, principalement dans le Lot-et-Garonne. Quelques dizaines d’années plus tard, presque anéanti par le phylloxera, il est devenu un cépage anecdotique et représente à peine 300 hectares de la production…
Cette variété de raison ne présente pas les qualités gustatives attendues pour un raisin de table, mais apporte de fins tanins au vin.

Une exploitation courte mais très localisée

Il apparaît à la fin du XIXème siècle, probablement de manière naturelle près de Villeréal. Il est immédiatement repéré par les viticulteurs du Lot-et-Garonne pour sa précocité (il en tire d’ailleurs son nom en occitan : aboriu) et sa capacité à être cultivé dans des conditions de culture difficiles. Il ne craint ni le gel, ni les sols pauvres. Après une courte période de production, il tombe en désuétude après la Seconde Guerre Mondiale. En effet, ce cépage peu vigoureux ne permet pas de forts rendements et sa précocité oblige à le vinifier seul, pour ensuite le proposer en assemblage. Il est en revanche peu sensible à la pourriture grise et aux autres maladies.
Les grappes et les baies sont de taille moyenne, avec une belle peau noire et épaisse teintée de bleu.
En revanche, sa résistance et sa facilité de culture ont intéressé les scientifiques et il est à l’origine du cépage Egiodola (croisement de Tinta negra mole et d’abouriou). Ce cépage, élaboré à l’INRA de Bordeaux en 1954, est présent sur 300 hectares en France et est également présent au Brésil.
Les vignerons du Marmandais défendent encore aujourd’hui ce cépage autochtone, et le font vivre. Bien qu’il ait été menacé d’extinction, vous pourrez aisément reconnaître ses pieds de vignes à l’arrivée de l’automne, grâce à la teinte rouge qu’ils prennent bien avant les autres.

De la vinification à l’assemblage

Principalement utilisé en assemblage en cépage secondaire dans des vins d’AOC : Brulhois, Buzet, Côtes du Marmandais… Il peut aussi être utilisé en cépage principal dans certains vins IGP tels que Le Coteaux de Glanes, le Côtes du Lot et le Val de Loire.
La vinification du moût offre des vins charpentés, aux belles couleurs, et tanniques qui peuvent toutefois manquer d’acidité, ce qui ne permet pas de le proposer en monocépage. Il s’épanouit toutefois en assemblage, et donne à ce vins toute leur typicité.
A l’œil, vous découvrirez tout d’abord une robe grenat, soutenue de reflets violets. La dégustation révèle des notes franches de fruits rouges tels que le cassis, la framboise, la mûre ou la fraise. La seconde bouche se complexifie avec des arômes musqués voir épicés. L’attaque franche s’accompagne d’une belle rondeur en bouche et d’une acidité très fine, à peine perceptible.

L’abouriou au service de la gastronomie

Ce cépage rouge s’épanouit pleinement dans l’assemblage des Côtes du Marmandais AOC et AOP. Le vin rouge, sec et tannique, est servi aux alentours de 15°C dans un verre permettant une belle aération (comme un verre à vin de Bordeaux par exemple). Vous pouvez également le faire décanter en carafe avant de le déguster, tout particulièrement les vins âgés, en prenant garde de ne pas laisser tomber le dépôt dans la carafe lors de la décantation. Pour des vins plus jeunes, un simple passage en carafe suffit, mais c’est une étape nécessaire pour les vieillissements en fût de chêne.
Nous vous recommandons de l’associer avec des plats régionaux. En effet, ce cépage est fièrement porté par des viticulteurs engagés dans leur terroir, qui souhaitent faire vivre l’histoire viticole de leur région. Il se marie fort bien aussi avec les spécialités de l’Espagne voisine.

    • A l’apéritif : chorizo, soubressade, pâté de canard ou un pâté de campagne au froid gras
    • En entrée : piquillos, piperade, omelette aux champignons et salade landaise
    • En plat : Flamango, côte de veau de l’Aveyron, magret de canard et l’incontournable cassoulet
    • En fromage : Cosne de Port Aubry ou dôme du Vezelay.

FAQ

Qu’est-ce qu’un cépage autochtone ?
Il s’agit d’un cépage dont l’origine est strictement limitée à une région donnée. On parle également de « cépage endémique ». Ce sont eux qui forgent les traditions viticoles d’une région, même si par la suite ils peuvent être délaissés pour des cépages plus faciles à cultiver ou qui offrent plus de rendement.

Où puis-je déguster de l’abouriou ?
Il est très peu utilisé en vin monocépage, mais vous pouvez le découvrir au Château Lassolle ou au domaine de Elian da Ros. Ces deux vignobles tendent à rendre ses lettres de noblesse à ce cépage oublié.