Le Melon de Bourgogne, un cépage « renommé »

Muscadet, appellation atypique, cache bien des secrets et tire profit du meilleur de son cépage exclusif, le melon de Bourgogne.

Le Melon de Bourgogne, un cépage « renommé »

Ce cépage d’origine bourguignonne, croisement (encore !) du gouais blanc et du pinot noir n’existe presque plus dans sa région d’origine. Il fait désormais la renommée des vins nantais, sous l’appellation Muscadet.
Vin blanc frais et léger, le muscadet évoque toute la finesse de son terroir.
Longtemps décrié en Bourgogne, ce n’est que depuis son implantation dans la vallée de la Loire que ce cépage connaît à nouveau du succès.

 

Le cépage unique de l’appellation Muscadet

Ce cépage peut se vanter d’être un des rares cépages français à avoir une appellation qui lui est totalement dédiée. En effet, le cépage Melon de Bourgogne est le seul autorisé pour l’appellation Muscadet. A tel point que les dénominations se mélangent, et qu’on peut souvent entendre parler ou lire « cépage muscadet ». Cet usage s’est imposé quand le melon de Bourgogne a été cultivé et reconnu dans la Loire.
L’appellation « Muscadet » s’étend sur plus de 9000 hectares, et, fait unique en France : le vin produit est mono-cépage et porte le même nom que l’appellation.
Le cépage doit son nom d’origine, à la forme de ses feuilles, qui sont très arrondies, évoquant un melon. Les baies de petite taille forment de petites grappes facilement identifiables.
Les plants de vignes melon de Bourgogne sont taillés de manière spécifique, en forme de « Y ». Les vignes sont assez peu productives et sensibles au mildiou, leur culture demande beaucoup d’attention.
Les raisons de l’implantation du muscadet en pays de Loire restent floues. A-t-il été expulsé de Bourgogne à cause de son faible rendement et de sa piètre réputation ? Ou sont-ce les conditions climatiques, et la destruction de nombreuses vignes lors du « Grand Hiver de 1709 » qui ont contraint les vignerons à planter des variétés plus adaptées au terroir ? La littérature reste évasive là-dessus et les historiens ne s’accordent pas.
Toutefois, ce cépage est plutôt facile à cultiver quel que soit le sol, sans pour autant être aussi productif qu’en Val de Loire. Il donnera le meilleur de lui-même sur des terroirs légers et caillouteux, sous le climat océanique. Cette acclimatation parfaitement réussie explique en partie son exportation depuis la Bourgogne.
Le désormais « muscadet » de l’époque moderne offre des vins blancs d’une couleur pâle, animée de reflets verts. Le nez frais et floral se pimente d’épices, d’iode pour terminer sur des notes pétillantes d’agrumes. En bouche, il est tranchant, on reconnaît immédiatement la minéralité du terroir et les influences iodées. Les notes florales reprennent le dessus pour la finale.

 

Les différentes appellations de muscadet

Bien longtemps on a utilisé le nom de « huîtres muscadet », liant intimement et définitivement ce vin avec le met qu’il accompagne. Il lui sera difficile de s’en départir, mais est-ce bien grave tant leur union est parfaite ?
Le muscadet a pâti d’une réputation de « vin de soif », de vin léger et facile à boire. Toutefois, il faut reconnaître aux viticulteurs contemporains un prodigieux travail d’élevage et de promotion de leurs crus. Le muscadet se décline désormais sous plusieurs appellations avec leurs propres caractéristiques.

 

Muscadet Sèvre-et-Maine

La robe est flatteuse, de couleur or intense, presque bronze. Les arômes d’agrumes et d’iode sont nets et intenses mais restent frais, laissant place ensuite à la minéralité du vin. En bouche, sa vivacité surprend mais s’équilibre avec une surprenante longueur en bouche et une acidité discrète. Il est recommandé de le boire frais, et assez jeune, tout au plus dans les 3 ans qui suivent sa production. Les meilleurs terroirs sont Vallet, la Haye-Fouassière et le Landreau. D’une grande qualité, ils peuvent prétendre à être des vins de garde.

 

Muscadet Côtes de Grandlieu

C’est la sous-appellation régionale la plus jeune du vignoble nantais. Située au Sud-est, les vins y sont plus ronds, plus souples mais également plus denses. La robe jaune pâle caractéristique de l’appellation se pare de reflets couleur bronze. Ce vin vif et dense possède l’élégance des notes florales associées à la vivacité des agrumes. La minéralité, plus subtile se fera discrète. Servi frais sur un poisson en sauce, il peut prétendre à une garde en cave de 3 à 5 ans.

 

Muscadet Côteaux de la Loire

Pour cette sous-appellation la robe reste fidèle aux appellations Muscadet : or pâle aux reflets verts. En revanche, le nez sera marqué par des notes minérales de pierre à fusil qui s’estompent sur des arômes d’agrumes et de fleurs blanches. En bouche il est à la fois sec et corsé et se termine sur des flaveurs minérales. Il se déguste frais, en accompagnement de poissons grillés par exemple. Les vins des Côteaux de la Loire peuvent aussi être élevés sur lie.

 

Muscadet sur lie

Ce nom n’est pas à proprement parler une appellation mais défini bien souvent les vins.
La robe est pâle, jaune d’or aux reflets verts bien marqués. Les notes florales prennent le dessus au nez pour ensuite laisser la place à la minéralité. Elle s’exprimera pleinement en bouche, pour terminer sur des saveurs iodées. C’est un vin à consommer jeune, idéalement entre 3 et 5 ans pour les meilleurs millésimes. C’est la star des plateaux de fruits de mer.

 

Muscadet primeur

Cette dénomination est utilisée pour les vins mis sur le marché quelques mois après les vendanges. C’est un vin simple et frais, léger en bouche, qui accompagnera les premiers déjeuners ensoleillés du printemps, comme un steak de thon à la plancha ou des sardines. Il se consomme idéalement jeune, la palette d’arômes est plus restreinte que les vins sur lie. C’est un vin plutôt sec, à la structure légère, les notes fruitées dominent tant au nez qu’en bouche. Il se marie également avec des fromages à pâte molle telle que le Neufchâtel ou le camembert.

 

FAQ

Qu’est-ce que l’élevage sur lie ?
« Sur lie » évoque la technique d’élevage. L’élevage « sur lie » consiste à mettre en contact le jus avec les dépôts des levures pendant plus de quatre mois. Cela permet au vin de développer une palette aromatique plus vaste. En bouche, il est également plus rond, on peut même dire plus gras.

Quelles huîtres avec un Muscadet ?
Tous les vins ne se ressemblent pas, mais toutes les huîtres non plus ! Pour apprécier au mieux un vin Muscadet, l’idéal est de le déguster avec des huîtres de Marennes. Les huîtres de Marennes, fines et douces en bouche, avec un iode délicat, se marient à la perfection avec la fraîcheur et la douce acidité du Muscadet.